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Poésies et citations

Je vous propose ici quelques extraits de livres, poèmes ou citations qui m’ont particulièrement plu. Il n’y a pas de classement ni de relations entre les différents extraits. Et il n’y a bien souvent aucun lien avec l’écologie et avec les activités que je propose sur ce site : à vous de les parcourir au hasard, au gré de vos envies !

Tournier « Vendredi ou les limbes du pacifique »
« Pourtant, ce qui le rebutait principalement, ce n’était pas point tant la brutalité, la haine et la rapacité que ces hommes civilisés et hautement honorables étalaient avec une naïve tranquillité. Pour Robinson, le mal était bien plus profond. Il le dénonçait par devers lui-même dans l’irrémédiable relativité des fins qu’il les voyait tous poursuivre fiévreusement. Car ce qu’ils avaient tous en but, c’était telle acquisition, telle richesse, telle satisfaction, mais pourquoi cette acquisition, cette richesse, cette satisfaction ? Certes aucun n’aurait pu le dire. Et Robinson s’imaginait sans cesse le dialogue qui finirait bien par l’opposer à l’un de ces hommes. « Pourquoi vis-tu ? » demanderait-il. L’homme ne saurait évidemment que répondre, et son seul recours serait alors de retourner la question au Solitaire. Alors Robinson lui montrerait l’île de sa main gauche, tandis que sa main droite s’élèverait vers le soleil. Après un moment de stupeur, l’homme éclaterait forcément de rire, du rire de la folie devant la sagesse, car comment concevrait-il que l’Astre Majeur est autre chose qu’une flamme gigantesque, qu’il y a de l’esprit en lui et qu’il a le pouvoir d’irradier d’éternité les êtres qui savent s’ouvrir à lui ? »


Les feuilles d’automne – Victor Hugo (extrait, XXXV, Soleils couchants)
Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées.
Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s’enfuit.

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers.

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde, immense et radieux.

Pascal Quignard
J’appelle nuit la lumière des pensées dans l’espace qui se perd avant d’arriver jusqu’aux Hommes ;
Le ciel nocturne est nocturne faute de temps.
La lumière, depuis la formation des premières étoiles ne cesse de ne pas avoir le temps de parvenir jusqu’aux yeux des animaux qui les voient.
Ténèbre est cette lenteur de l’espace.
Lenteur non pas à rayonner, lenteur à percevoir l’immensité qui rayonne.
Nuit n’est qu’une lumière infinie.
Toute lumière se propageant dans l’espace avec une vitesse finie est infiniment inaccessible.
Telle est la nuit noire dans le ciel.
Le ciel baigne dans une lumière inaccessible.


Sogyal Rinpoché
« La paresse à l’occidental consiste à remplir sa vie d’activités fébriles, si bien qu’il ne reste plus de temps pour affronter les vraies questions. »


Blaise Pascal
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. »


Cioran, « De l’inconvénient d’être né »
« Je tremblais de rage : mon honneur était en jeu. Ils ont osé me faire ça ! J’étais sur le point d’ouvrir la fenêtre et de hurler comme un fou furieux, quand l’image de notre planète tournant comme une toupie s’empara tout à coup de mon esprit. Ma rage tomba aussitôt »


Nicolas Bouvier, « L’usage du monde » (en 1954, à 24 ans, il relate son voyage de Genève au Pakistan).
« A Kaboul, il y a un petit musée admirable. Au rez-de-chaussée, dans une vitrine en
retrait et consacrée aux costumes, on pouvait voir en 1954, entre une jupe de plume maori et un manteau de berger sin-kiang, un pull-over assez commun portant l’indication « Irlande ». Tricoté main sans doute, mais un pull-over…mon Dieu ! tel qu’on en voit chez nous, octobre venu. Mis là par inadvertance ? J’espère bien que non ! Bref, je l’ai regardé longuement, avec un oeil nouveau et je confesse que d’un point de vue objectif, la civilisation représentée par cette camisole faisait pauvre figure à coté des plumes de paradisier et de la pelisse Kazakh. Décemment, on ne pouvait que s’en désoler. On n’était en tout cas guère tenté d’aller voir le pays où les gens portaient « ça ». Cette présentation m’a enchanté : l’impression qu’on m’avait joué un bon tour. D’ailleurs, une pincée d’afghano-centrisme était la bienvenue après 24 ans de cette Europe qui nous fait étudier les Croisés sans nous parler des Mamelouks, trouver le Péché originel dans les mythologies où il n’a rien a faire, et nous intéresser à l’Inde dès le moment et dans la mesure où des compagnies marchandes et quelques courageux coquins venus de l’Ouest ont mis la main dessus. »


 Hâfiz (quatrain)
« Même si l’abri de ta nuit est peu sûr
et ton but encore lointain
sache qu’il n’existe pas
de chemin sans terme
Ne sois pas triste. »


Citation d’Albert Einstein
 « Un être humain est la partie d’un tout, que nous appelons l’Univers, une partie limitée dans le temps et l’espace. Il s’éprouve lui-même ses pensées et ses sentiments, comme quelque chose de séparé du reste, une sorte d’illusion optique de sa conscience. Cette illusion est une prison nous restreignant à nos désirs personnels et à l’affection portée à quelques personnes proches. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant nos cercles de compassion afin d’embrasser tous les êtres vivants et la nature entière dans sa beauté »


Gustave Flaubert
« Tout est intéressant pourvu qu’on le regarde assez longtemps. »